A première vue
Quand cet oeil apparait c'est qu'à première vue les choses vont mal. Difficile de s'extérioriser, de dire ce que l'on ressent quand on ne sait pas forcément d'où vient la douleur....
Assis dans le tramway, coté fenêtre, j'observe la pluie tomber sur les rues et les immeubles du campus universitaire. Je ne suis plus étudiant, je travaille à proximité de la fac où j'ai étudié.
Je regarde cette fille rire avec ses amis, parler fort et traiter les profs de cons.... l'insouciance.
Ce sentiment que je n'ai jamais connu dans ma vie estudiantine.
J'étais toujours en train de subir, de survivre, de fuire la réalité pour qu'elle ne m'achève pas.
J'arrive au travail. Sommairement, mon supérieur me dit que mon contrat ne sera pas renouvelé avant 2 mois.
Le ciel m'est tombé sur la tête. L'habitude de travailler... Que vais je faire de tout ce temps. L'inaction me fait peur.
La réalité m'a rattrapée. Je dois vivre et attendre... attendre ce renouvellement de contrat ou en trouver un autre.
Entretien d'embauche.... non
non
déja pris...
bon
Je vais donc attendre en espérant qu'il ne m'aie pas menti sur ce renouvelement de contrat.
Alo? Bonjour Mamie,
*ça va Thierry?
Oui ça va.
*Et ton boulot?
Toujours la peche l'ambiance est bonne et je m'amuse bien là bas.
*c'est bien Thierry.
*Bon, ben si tout va bien je vais raccrocher, France télécom n'a pas besoin de plus de sous
Oui Mamie.
Bisous bye.
Je raccroche mon téléphone. J'ai envie de me changer les idées. Je n'y arrive pas. Ces crampes d'estomac sont aussi profondes que mon découvert à la société générale.... pfff
Je me mets sur l'ordinateur, pas d'offres sérieuses... Je vais faire un tour sur mes blogs préférés... ah tiens j'aime beaucoup cet oeil....
Je navigue encore.....
Je reste un moment devant ce blog comme fasciné par la souffrance qui y est décrite.. la même que le mienne. Une souffrance profonde qui ne s'atténue pas avec le temps. Une souffrance qui n'a pour compagne que la solitude le repli sur soi et l'enracinement dans le désespoir et le regret.
4 heures du matin...
Le sommeil n'arrive pas à m'enlever l'angoisse qui m'opresse. Je m'endors une larme au coin de l'oeil devant cet ordinateur, cet ange ailé emprisonné, et une offre d'emploi précaire à 35% du smic.
*Thierry*